Le peau à peau, apaiser et soulager votre bébé et vous !
- sandrarueda
- 17 juil. 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 oct. 2020
Lorsqu’on vient de vivre la naissance de son enfant, les quelques jours suivants sont intenses en émotion. En fonction du déroulé de la naissance, les bébés peuvent se sentir plus ou moins stressés et l’exprimer par des pleurs. Les jeunes parents se retrouvent alors parfois confrontés à un sentiment d’incompétence et doutent de leur capacité à rassurer leur bébé. J’ai donc décidé aujourd’hui de vous parler du peau à peau et de ses bienfaits juste après la naissance, mais aussi tout au long du séjour en maternité et par la suite.
Le peau à peau est une pratique consistant à positionner son bébé contre soi, peau contre peau, pendant une certaine durée. Pratiqué juste après la naissance, il permet d’apaiser le bébé et la maman en état d’alerte suite à l’expulsion car ils ont bénéficié d’une quantité importante d’adrénaline pour permettre une expulsion rapide et efficace.
De plus en plus encouragé au sein des maternités, le peau à peau présente de nombreux bienfaits lorsqu’il est pratiqué juste après la naissance.

Il permet au bébé et à la maman de bénéficier du pic hormonal d’ocytocine, hormone de l’amour et de l’éjection du lait. Ce pic ocytocique est le plus important qu’une femme soit capable de produire au cours de sa vie ; beaucoup plus important que lors d’un orgasme, qui fait appel à cette même hormone ! Il permet à la mère de se remettre de la naissance, de renforcer le lien d’attachement et de déclencher la lactation.
C’est dans cette intimité avec sa maman que le bébé va également montrer des signes de recherche du sein et c’est donc le moment idéal pour la tétée d’accueil.
Mais le peau à peau ce n’est pas seulement cela. D’un point de vue médical, son intérêt va bien au-delà du simple attachement mère-enfant :
Le bébé se blottit contre le buste de sa maman, ce qui lui permet de se reconnecter au bruit rassurant des battements du cœur qu’il connaît bien. Cela diminue naturellement son niveau de stress et favorise son adaptation métabolique.
En restant en peau à peau avec sa maman, le bébé déclenche son réflexe de succion qui l’amène à chercher le sein au contact de la peau de sa mère. La qualité de la succion du bébé est donc favorisée par cette pratique, ce qui aide au bon démarrage de l’allaitement.
Lors du passage dans le vagin, le bébé absorbe de la flore vaginale de sa mère qui l’aide à renforcer son système immunitaire et à constituer son microbiote, un capital essentiel utile pour toute la vie. Au moment du peau à peau, ces échanges bactériens se poursuivent via l’épiderme et le bébé absorbe des bactéries complémentaires qui le renforcent grâce à cette colonisation par la flore bactérienne familiale.
Pour la maman, le peau à peau est un moyen d’apaisement car il lui permet de continuer à produire de l’ocytocine de façon régulière. Cela provoque d’une part des micro-contractions au niveau de son utérus qui l’aident à se rétracter, ce qui participe à limiter le risque hémorragie de la délivrance. Cela l’aide également à se détendre d’autre part et diminue l’intensité du baby blues[1] souvent ressenti aux alentours de J+3.
Dans la mesure du possible, il est donc essentiel d’attendre le plus possible avant que le bébé ne soit manipulé par l’équipe médicale. Sauf cas particulier nécessitant d’intervenir immédiatement, on estime qu’il faut 2h de peau à peau ininterrompu pour bénéficier tous les bienfaits de cette pratique. Par la suite, on peut alors procéder aux divers examens du bébé nécessitant de le manipuler.
Aujourd’hui, même si cette pratique se démocratise plus vite que d’autre, ce moment pourtant important ne fait pas encore systématiquement partie des protocoles au sein des hôpitaux et ses bienfaits ne sont pas toujours explicitement présentés aux futurs parents. Il est essentiel d’avoir conscience de l’importance de la pratique du peau à peau pour pouvoir en parler avec l’équipe médicale de la maternité. Cela peut se faire via un projet de naissance ou encore le jour J, en prenant le temps d’en parler au personnel présent.
En cas d’impossibilité pour la maman, comme souvent en cas de césarienne, le peau à peau avec le papa (ou second parent) est également apaisant pour le bébé et utile sur le plan bactérien. En effet, en partageant le même lit, les parents partagent également une bonne partie de leur flore bactérienne en commun.
Le peau à peau est une pratique qu’il est intéressant de prolonger régulièrement par la suite tout au long du séjour en maternité, par les deux parents.
Pour l’allaitement, cela assure une bonne stimulation du bébé et favorise les tétées fréquentes, ce qui permet une montée de lait plus rapide, efficace et moins douloureuse pour la mère, tout en prévenant les risques d’engorgement.
De plus, grâce à cette pratique, le bébé peut s’apaiser régulièrement au contact de ses parents ce qui participe à renforcer le sentiment de compétence chez les jeunes parents. Enfin, maintenir une production régulière d’ocytocine lors de moments fréquents de peau à peau permet de prévenir les risques de dépression du post partum pour la mère après le retour à la maison et favorise un attachement plus rapide.
Il n’est pas rare d’entendre que les bébés trop portés, trop câlinés deviendraient plus capricieux… Cette idée reçue persiste à être répandue et il est important que les jeunes parents soient informés de son invalidité scientifique.
Tout d’abord, il est bon de se rappeler que nous sommes une espèce de portage. Nos petits ont besoin de contact physique pour survivre et cet instinct est bien présent chez les bébés qui ne manquent pas de nous réclamer les bras et de manifester leur désaccord lorsque nous cherchons à les poser. Nos poussettes, cosy et transats sont des objets qui sont venus répondre à nos besoins sociaux, qui ne sont pas les mêmes que les besoins physiologiques du nourrisson. On peut donc tout à fait utiliser ces objets, tout en gardant en tête que le portage, d’autant plus en peau à peau au cours des premières semaines, reste la façon la plus physiologique de répondre aux besoins de nos bébés.
Par ailleurs, les travaux de John Bowlby, datant du siècle dernier, et sa théorie de l’attachement démontrent clairement qu’un enfant dont les besoins (comme celui du portage et du toucher) sont remplis sans restriction au cours de sa première année se construira une profonde confiance en lui et en l’autre qui lui sera bénéfique pour toute sa vie. Il parle de lien d’attachement secure.
Vous pouvez donc vous fier à votre instinct de parent qui vous dit que votre bébé a besoin de cette proximité avec vous, de sentir votre présence, d’être contre vous et porté régulièrement pour s’apaiser et se développer dans l’amour et la confiance. Les injonctions souvent inévitables qui vous entourent et qui vont à l’encontre de votre instinct de protection et d’attention pour votre bébé reflètent surtout notre culture moderne qui s’est progressivement détachée des besoins physiologiques des nourrissons.
Alors faites-vous confiance : portez, réconfortez, câlinés en peau à peau, bercez et massez vos bébés sans restriction. Ils en ont besoin, et vous aussi :)
[1] Le baby blues désigne une dépression post-natale bénigne apparaissant entre le 3ème et le 10ème jour après l’accouchement, sans conséquence ni pour la mère ni pour l’enfant, contrairement à la véritable dépression du post-partum. (Source : www.dictionnaire-medical.fr)
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